[article]
| Titre : |
Les Gaulois n'étaient pas des barbares |
| Type de document : |
texte imprimé |
| Auteurs : |
Christian Goudineau (1939-2018), Auteur |
| Année de publication : |
1994 |
| Article en page(s) : |
p. 34 Ã 45 |
| Langues : |
Français (fre) |
| Catégories : |
Lieux:Entités du passé:Monde antique:Monde romain:Gaule
|
| Résumé : |
Les Gaulois n'étaient pas des barbares
Christian Goudineau dans mensuel 176
daté avril 1994 Gratuit
On connaît les Gaulois des livres d’histoire : nos ancêtres belliqueux, mais aussi « patriotes » avant la lettre, pacifiés et enfin « civilisés » par la conquête romaine… Ces idées reçues, héritées du XIXe siècle, n’ont plus cours aujourd’hui. Car les archéologues ont mis au jour, sur des sites d’une extraordinaire richesse, les vestiges d’une civilisation inventive, opulente et largement ouverte aux influences extérieures.
L’Histoire : Christian Goudineau, que sait-on de l’histoire des Gaulois ?
Christian Goudineau : Peu de chose. Et cela pour plusieurs raisons. La première, c’est que, à la différence des Grecs et des Romains, les Gaulois n’ont pas écrit leur histoire. Ils élaboraient des récits épiques, des poèmes, déclamés ou chantés, accompagnés de musique, associant légendes et « hauts faits » un peu comme les chansons de geste, qui se transmettaient oralement et s’enrichissaient de génération en génération.
Mais la conquête romaine cf. repères chronologiques mit un terme à cette transmission, et il ne nous en est rien parvenu. Donc, si l’on excepte La Guerre des Gaules de César qui ne concerne que la dernière période de la civilisation gauloise cf. mise au point, p. 45, nous ne disposons que de rares textes, mi-historiques mi-ethnographiques, rédigés par des auteurs grecs ou latins, à la fois brefs et très orientés par le regard que porte le « civilisé » sur le « barbare ».
L’Histoire : Et les autres raisons ?
Christian Goudineau : Celles-là relèvent de l’historiographie moderne. Pendant des siècles, les érudits et les « antiquaires », lorsqu’ils s’intéressaient au passé antique de la France, ne recherchaient guère que les traces de la civilisation romaine, voire grecque dans le Midi, à travers les monuments, les œuvres d’art, les inscriptions. Il a fallu attendre le XIXe siècle pour que les Gaulois attirent vraiment l’attention des historiens. À ce moment-là , toutes sortes de phénomènes ont joué, depuis la réhabilitation des vertus des peuples « primitifs » jusqu’à la sensibilité romantique. Songez que c’est en 1828 que paraît la première « grande » Histoire des Gaulois. Elle est l’œuvre d’Amédée Thierry — j’insiste sur le prénom, Amédée, car on connaît surtout son frère, Augustin, l’auteur de l’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands et d’ouvrages restés fameux sur le tiers état. Eh bien, Amédée fut aussi historien et son Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de la Gaule à la domination gauloise ouf ! remporta un immense succès et fut rééditée une dizaine de fois. |
in L'histoire > N° 176 (Avril 1994) . - p. 34 à 45
[article] Les Gaulois n'étaient pas des barbares [texte imprimé] / Christian Goudineau (1939-2018), Auteur . - 1994 . - p. 34 à 45. Langues : Français ( fre) in L'histoire > N° 176 (Avril 1994) . - p. 34 à 45
| Catégories : |
Lieux:Entités du passé:Monde antique:Monde romain:Gaule
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| Résumé : |
Les Gaulois n'étaient pas des barbares
Christian Goudineau dans mensuel 176
daté avril 1994 Gratuit
On connaît les Gaulois des livres d’histoire : nos ancêtres belliqueux, mais aussi « patriotes » avant la lettre, pacifiés et enfin « civilisés » par la conquête romaine… Ces idées reçues, héritées du XIXe siècle, n’ont plus cours aujourd’hui. Car les archéologues ont mis au jour, sur des sites d’une extraordinaire richesse, les vestiges d’une civilisation inventive, opulente et largement ouverte aux influences extérieures.
L’Histoire : Christian Goudineau, que sait-on de l’histoire des Gaulois ?
Christian Goudineau : Peu de chose. Et cela pour plusieurs raisons. La première, c’est que, à la différence des Grecs et des Romains, les Gaulois n’ont pas écrit leur histoire. Ils élaboraient des récits épiques, des poèmes, déclamés ou chantés, accompagnés de musique, associant légendes et « hauts faits » un peu comme les chansons de geste, qui se transmettaient oralement et s’enrichissaient de génération en génération.
Mais la conquête romaine cf. repères chronologiques mit un terme à cette transmission, et il ne nous en est rien parvenu. Donc, si l’on excepte La Guerre des Gaules de César qui ne concerne que la dernière période de la civilisation gauloise cf. mise au point, p. 45, nous ne disposons que de rares textes, mi-historiques mi-ethnographiques, rédigés par des auteurs grecs ou latins, à la fois brefs et très orientés par le regard que porte le « civilisé » sur le « barbare ».
L’Histoire : Et les autres raisons ?
Christian Goudineau : Celles-là relèvent de l’historiographie moderne. Pendant des siècles, les érudits et les « antiquaires », lorsqu’ils s’intéressaient au passé antique de la France, ne recherchaient guère que les traces de la civilisation romaine, voire grecque dans le Midi, à travers les monuments, les œuvres d’art, les inscriptions. Il a fallu attendre le XIXe siècle pour que les Gaulois attirent vraiment l’attention des historiens. À ce moment-là , toutes sortes de phénomènes ont joué, depuis la réhabilitation des vertus des peuples « primitifs » jusqu’à la sensibilité romantique. Songez que c’est en 1828 que paraît la première « grande » Histoire des Gaulois. Elle est l’œuvre d’Amédée Thierry — j’insiste sur le prénom, Amédée, car on connaît surtout son frère, Augustin, l’auteur de l’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands et d’ouvrages restés fameux sur le tiers état. Eh bien, Amédée fut aussi historien et son Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de la Gaule à la domination gauloise ouf ! remporta un immense succès et fut rééditée une dizaine de fois. |
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