CARA
Détail de l'auteur
Auteur Mens, Emmanuel |
Documents disponibles écrits par cet auteur (1)
Affiner la recherche
Life and death of Angoumoisin, type dolmens in west-central France Architecture and evidence of the reuse of megalithic orthostats / Ard, Vincent in Bulletin de la Société Préhistorique Française, T. 113 n°4 (Octobre-Décembre 2016)
[article]
Titre : Life and death of Angoumoisin, type dolmens in west-central France Architecture and evidence of the reuse of megalithic orthostats Type de document : texte imprimé Auteurs : Ard, Vincent, Auteur ; Mens, Emmanuel, Auteur ; Poncet, Didier, Auteur ; Cousseau, Florian, Auteur ; Defaix, Jérôme, Auteur ; Mathé, Vivien, Auteur ; Pillot, Lucille, Auteur Année de publication : 2016 Article en page(s) : pp. 737-764 Langues : Français (fre) Catégories : Aire géographique:Europe:France:Poitou-Charente:Charente
Période-Civilisation:Préhistoire:Néolithique
Thématique:Archéologie du bâti:MégalithismeMots-clés : Néolithique Ouest de la France mégalithisme tombe à couloir prospection multi-méthodes paysage réemploi de monolithes Résumé : Au Ve millénaire, le Centre-Ouest de la France voit l’apparition des dolmens de type angoumoisin : tombes à couloir à chambre quadrangulaire caractérisées par un investissement important du travail de la pierre (Burnez, 1976). À l’occasion d’un programme collectif de recherche et de valorisation (2012–2015), de nouvelles données ont été obtenues grâce à des fouilles, des prospections multi-méthodes et des analyses technologiques et architecturales.
Intégré dans un paysage profondément modifié par l’homme, les monuments mégalithiques sont le reflet d’une volonté de marquage social et territorial. Des prospections géophysiques réalisées pour la première fois sur et autour des monuments ont révélé des structures inédites qui participent à la monumentalisation du paysage tout comme les enceintes du monde des vivants.
Les fouilles des dolmens de la Petite Pérotte et de la Motte de la Jacquille (Fontenille, Charente) ont permis de préciser la nature pétrographique et l'origine géographique des monolithes et de mettre en évidence des choix architecturaux. La tradition du travail de la pierre typique des dolmens de type angoumoisin se traduit dans les techniques de transformation du calcaire. Le débitage et l’équarrissage des orthostates produit des blocs aux dimensions standardisées. La transformation de la pierre s’attache ensuite à dresser les faces visibles grâce à un travail de martelage. Ce dernier est parfois suivi d’un lissage, voire d’un début de polissage sur les blocs les plus investis. La technique du champlevé est systématiquement utilisée dans l’art pariétal et s’inscrit parfaitement dans l’exigence de cette tradition technique. En fin de chaîne opératoire, les pierres les plus ouvragées sont réservées à certaines zones du monument et font l’objet d’une véritable mise en scène. À la Motte de la Jacquille, c’est la paroi la plus lisse qui fait face à l’entrée. Cette même paroi bénéficie d’un éclairement naturel alors que le reste de la chambre reste dans la pénombre. Ces éléments d’observation vont dans le sens de la présence d’une segmentation de l’espace. Au centre du dispositif de la tombe, la chambre funéraire est constituée d’orthostates jointifs et bien dressés de façon à créer un espace parfait au détriment du couloir. Ce dernier reste beaucoup moins investi et sert finalement de « faire-valoir » à la chambre. Tout concourt à la mise en scène des parois visibles de la chambre funéraire, comme en témoigne la fabrication de la porte en pierre de la Motte de la Jacquille, exemplaire unique dans le mégalithisme européen. Ce travail dépasse de simples préoccupations esthétiques, au profit d’un authentique codage symbolique des parois.
L’une des avancées les plus significatives est la découverte de nombreux anachronismes de construction dans la chambre funéraire de la Motte de la Jacquille. Au total, dix orthostates sur les vingt que compte le monument portent des preuves ou des indices forts en faveur de la présence d’un épisode de réemploi, perceptible notamment par la présence de rainures d’emboitement inactives sur certains orthostates. Ces cas sont uniquement observés dans la chambre et dans la partie du couloir proche de cette dernière. Il est pratiquement certain que les blocs proviennent d’une autre chambre funéraire, et non du démantèlement d’un couloir, où les monolithes n’ont pas le même niveau de finition. Les bords avec rainures d’emboîtement et parois dressées sont l’apanage des chambres funéraires. Toutes ces anomalies montrent qu’une ou plusieurs chambres funéraires ont été réemployées dans la construction du monument de la Motte de la Jacquille. Un dolmen a bel et bien été recyclé dans un autre dolmen. Cet exemple est le premier cas démontré d’orthostates de chambre funéraire en réemploi dans une autre chambre funéraire. Différents scénarios peuvent être proposés pour expliquer les motivations d’un tel geste de recyclage. Un premier scénario serait le démontage d’un premier monument éloigné géographiquement de la Motte de la Jacquille. Il est fort probable que ce premier monument au moment de son démontage ne soit ni abandonné, ni vidé de son contenu. On en déduit une suite de gestes. D’abord, il est nécessaire d’enlever une partie du cairn puis la table de couverture. Cette dernière est-elle abandonnée ou elle-même recyclée ? Dans un second temps, il faut « gérer » les dépôts humains, sont-ils abandonnés ou déplacés dans une autre structure ? Ensuite, il faut dégager les orthostates sans les casser, avant de les transporter vers le nouveau lieu de construction. On constate que le mode opératoire d’un réemploi d’orthostat de chambre funéraire est beaucoup plus complexe que celui d’un menhir ou d’une stèle gravée. Le second scénario privilégie le démontage d’une chambre funéraire déjà construite à la Motte de la Jacquille et sa reconstruction selon un plan différent. Cette hypothèse s’appuie sur un cas avéré de réaménagement d’une chambre funéraire en place dans le monument E2 de la nécropole de Bougon (Mohen, 2002). À Bougon, la chambre funéraire initialement ronde a, dans un deuxième temps, été transformée en un espace quadrangulaire. Ces transformations de chambre ont d’ailleurs été possiblement plus nombreuses que ce seul cas avéré, à l’image des réaménagements de tumulus qui se chiffrent par dizaine (Joussaume, 2003). En termes de chaîne opératoire, le démontage suivi d’une reconstruction sur place implique la plupart des gestes évoqués dans le premier scénario sauf le transport, à moins d’envisager une reprise en sous œuvre. Le scénario d’une reconstruction in situ est privilégié et enfin confronté à des exemples ethnographiques.
in Bulletin de la Société Préhistorique Française > T. 113 n°4 (Octobre-Décembre 2016) . - pp. 737-764[article] Life and death of Angoumoisin, type dolmens in west-central France Architecture and evidence of the reuse of megalithic orthostats [texte imprimé] / Ard, Vincent, Auteur ; Mens, Emmanuel, Auteur ; Poncet, Didier, Auteur ; Cousseau, Florian, Auteur ; Defaix, Jérôme, Auteur ; Mathé, Vivien, Auteur ; Pillot, Lucille, Auteur . - 2016 . - pp. 737-764.
Langues : Français (fre)
in Bulletin de la Société Préhistorique Française > T. 113 n°4 (Octobre-Décembre 2016) . - pp. 737-764
Catégories : Aire géographique:Europe:France:Poitou-Charente:Charente
Période-Civilisation:Préhistoire:Néolithique
Thématique:Archéologie du bâti:MégalithismeMots-clés : Néolithique Ouest de la France mégalithisme tombe à couloir prospection multi-méthodes paysage réemploi de monolithes Résumé : Au Ve millénaire, le Centre-Ouest de la France voit l’apparition des dolmens de type angoumoisin : tombes à couloir à chambre quadrangulaire caractérisées par un investissement important du travail de la pierre (Burnez, 1976). À l’occasion d’un programme collectif de recherche et de valorisation (2012–2015), de nouvelles données ont été obtenues grâce à des fouilles, des prospections multi-méthodes et des analyses technologiques et architecturales.
Intégré dans un paysage profondément modifié par l’homme, les monuments mégalithiques sont le reflet d’une volonté de marquage social et territorial. Des prospections géophysiques réalisées pour la première fois sur et autour des monuments ont révélé des structures inédites qui participent à la monumentalisation du paysage tout comme les enceintes du monde des vivants.
Les fouilles des dolmens de la Petite Pérotte et de la Motte de la Jacquille (Fontenille, Charente) ont permis de préciser la nature pétrographique et l'origine géographique des monolithes et de mettre en évidence des choix architecturaux. La tradition du travail de la pierre typique des dolmens de type angoumoisin se traduit dans les techniques de transformation du calcaire. Le débitage et l’équarrissage des orthostates produit des blocs aux dimensions standardisées. La transformation de la pierre s’attache ensuite à dresser les faces visibles grâce à un travail de martelage. Ce dernier est parfois suivi d’un lissage, voire d’un début de polissage sur les blocs les plus investis. La technique du champlevé est systématiquement utilisée dans l’art pariétal et s’inscrit parfaitement dans l’exigence de cette tradition technique. En fin de chaîne opératoire, les pierres les plus ouvragées sont réservées à certaines zones du monument et font l’objet d’une véritable mise en scène. À la Motte de la Jacquille, c’est la paroi la plus lisse qui fait face à l’entrée. Cette même paroi bénéficie d’un éclairement naturel alors que le reste de la chambre reste dans la pénombre. Ces éléments d’observation vont dans le sens de la présence d’une segmentation de l’espace. Au centre du dispositif de la tombe, la chambre funéraire est constituée d’orthostates jointifs et bien dressés de façon à créer un espace parfait au détriment du couloir. Ce dernier reste beaucoup moins investi et sert finalement de « faire-valoir » à la chambre. Tout concourt à la mise en scène des parois visibles de la chambre funéraire, comme en témoigne la fabrication de la porte en pierre de la Motte de la Jacquille, exemplaire unique dans le mégalithisme européen. Ce travail dépasse de simples préoccupations esthétiques, au profit d’un authentique codage symbolique des parois.
L’une des avancées les plus significatives est la découverte de nombreux anachronismes de construction dans la chambre funéraire de la Motte de la Jacquille. Au total, dix orthostates sur les vingt que compte le monument portent des preuves ou des indices forts en faveur de la présence d’un épisode de réemploi, perceptible notamment par la présence de rainures d’emboitement inactives sur certains orthostates. Ces cas sont uniquement observés dans la chambre et dans la partie du couloir proche de cette dernière. Il est pratiquement certain que les blocs proviennent d’une autre chambre funéraire, et non du démantèlement d’un couloir, où les monolithes n’ont pas le même niveau de finition. Les bords avec rainures d’emboîtement et parois dressées sont l’apanage des chambres funéraires. Toutes ces anomalies montrent qu’une ou plusieurs chambres funéraires ont été réemployées dans la construction du monument de la Motte de la Jacquille. Un dolmen a bel et bien été recyclé dans un autre dolmen. Cet exemple est le premier cas démontré d’orthostates de chambre funéraire en réemploi dans une autre chambre funéraire. Différents scénarios peuvent être proposés pour expliquer les motivations d’un tel geste de recyclage. Un premier scénario serait le démontage d’un premier monument éloigné géographiquement de la Motte de la Jacquille. Il est fort probable que ce premier monument au moment de son démontage ne soit ni abandonné, ni vidé de son contenu. On en déduit une suite de gestes. D’abord, il est nécessaire d’enlever une partie du cairn puis la table de couverture. Cette dernière est-elle abandonnée ou elle-même recyclée ? Dans un second temps, il faut « gérer » les dépôts humains, sont-ils abandonnés ou déplacés dans une autre structure ? Ensuite, il faut dégager les orthostates sans les casser, avant de les transporter vers le nouveau lieu de construction. On constate que le mode opératoire d’un réemploi d’orthostat de chambre funéraire est beaucoup plus complexe que celui d’un menhir ou d’une stèle gravée. Le second scénario privilégie le démontage d’une chambre funéraire déjà construite à la Motte de la Jacquille et sa reconstruction selon un plan différent. Cette hypothèse s’appuie sur un cas avéré de réaménagement d’une chambre funéraire en place dans le monument E2 de la nécropole de Bougon (Mohen, 2002). À Bougon, la chambre funéraire initialement ronde a, dans un deuxième temps, été transformée en un espace quadrangulaire. Ces transformations de chambre ont d’ailleurs été possiblement plus nombreuses que ce seul cas avéré, à l’image des réaménagements de tumulus qui se chiffrent par dizaine (Joussaume, 2003). En termes de chaîne opératoire, le démontage suivi d’une reconstruction sur place implique la plupart des gestes évoqués dans le premier scénario sauf le transport, à moins d’envisager une reprise en sous œuvre. Le scénario d’une reconstruction in situ est privilégié et enfin confronté à des exemples ethnographiques.